Publié le 18 septembre 2019
3 ans à Amsterdam
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Ce mois-ci marque l’anniversaire de notre expatriation à Amsterdam. Pour l’occasion, je vous partage un petit bilan après 3 ans, sur ce que vivre à Amsterdam nous a appris de nous et des autres !
Le 11 septembre 2016, Alexis et moi montions dans un Flixbus, trois grosses valises en soute, la peau encore bronzée au retour de belles vacances en Croatie. Nous nous apprêtions à faire 8 heures de route, de nuit, pour rejoindre Amsterdam depuis Paris, et commencer alors une nouvelle vie, sans vraiment trop savoir à quoi nous attendre. Plusieurs saisons, plusieurs années ont passé désormais. Trois années au total qui, finalement, se sont écoulées bien plus vite que l’on aurait imaginé.
À cette occasion, je souhaitais partager avec vous un peu de notre expérience. Après trois années, je pense pouvoir dresser un bilan relativement honnête mais très personnel, entre avantages et inconvénients. Aussi, loin de moi l'envie de vous dissuader, ou bien, de vous vendre un rêve de paillette, je souhaite finalement partager avec vous un peu de notre expérience, en espérant que ce témoignage vous sera utile, si l’expatriation, à Amsterdam plus particulièrement, fait partie de vos projets.
Enfin, je vous invite, si l’expatriation à Amsterdam ou aux Pays-Bas en général vous questionne, à nous faire-part de vos questions par email en bas de cet article. Nous nous ferons un plaisir de vous répondre.
La douceur de vivre...
Quitter la France était un choix. Et si nous avons choisi de poser valise à Amsterdam, c’est bien parce qu’il y fait bon vivre ! Seulement 1 semaine après notre arrivée, nous ressentions déjà cette ambiance et cette douceur de vivre qui nous avaient tant fait aimer Amsterdam la première fois !
Pour nous, c’était important, dans un pays étranger de se sentir bien avant tout. Après le tourbillon des études et du brouhaha parisien, Amsterdam nous semblait être un véritable havre de paix. D’ailleurs, nous comparons souvent Amsterdam à un grand village : un mélange absolument parfait du meilleur des capitales (accès à la culture et aux nombreux musées, les services, les transports en commun, les nombreux magasins, la pléthore d’entreprise et de start-up…), et de l’atmosphère d’une ville de province.
La ville, lorsque l’on sort des sentiers très touristiques du centre historique, est cosy, chaleureuse et surtout à échelle humaine :
- Tout, absolument tout peut se faire à vélo, voire à pied.
- L'architecture dépasse très rarement les 4 étages, et rares sont les grandes avenues.
- Les canaux aèrent considérablement les espaces.
- Et, à cela s’ajoute, une présence de la verdure très importante, de très grands et beaux parcs en plein coeur d’Amsterdam et une proximité incroyable avec les paysages de campagnes (seulement 15 min de vélo en moyenne suffisent pour pédaler à travers champs !).
Franchement Amsterdam a tout pour plaire.
...Mais les proches sont loin.
Malheureusement, la douceur de vivre et ce bien-être ne remplaceront jamais l’éloignement, inévitable, des amis et de la famille. C’est vrai, je ne peux nier cette sensation de temps qui passe dans que je puisse profiter de mes proches autant que je le souhaiterais.
C’est sûrement l’un des points négatifs qui revient souvent dans nos conversations, avec Alexis ou bien avec les collègues. Encore plus mes collègues jeunes parents qui “souffrent” du manque et du soutien des grand-parents. Et c’est souvent la raison qui amène les expatriés à rentrer, un jour, en France.
Bien sûre les technologies actuelles aident beaucoup à maintenir ces relations, malgré la distance. Personnellement, je pense qu’être parti à deux fut la meilleure des choses pour nous, pour moi. Jamais de la vie, je ne serais pas seule, du moins je ne pense pas. Partir à deux, c’était aussi pour moi l’assurance d’avoir toujours quelqu’un à qui parler, malgré l’éloignement ou les coups de mou potentiels.
L’ouverture d’esprit...
Les Pays-Bas sont réputés pour leur tolérance et ouverture d’esprit. Euthanasie, avortement, mariage pour tous : tous ces progrès sociétaux ont été insufflés par une politique néerlandaise très progressiste.
Aussi, la première chose que nous avons remarquée en arrivant ici, fut le manque d’intimité. On peut, littéralement, voir chez les gens sans que cela ne choque personne, hormis nous. Les habitations ne possédant souvent ni volets, ni rideaux, on a toujours l’impression de rentrer dans l’intimité des gens. Nombreuses sont les fois ou je suis passée devant une fenêtre donnant sur une salle à manger et eu le sentiment, pendant quelques instants, de partager le dîner avec la famille attablée ! Cela donne un petit côté “fenêtre ouverte sur le monde”.
...Mais l’indifférence et le pragmatisme néerlandais.
Mais, à y regarder de plus près, on se rend compte que cette tolérance a une certaine limite. Les Néerlandais sont tolérants, oui, mais à condition que cela ne dérange pas l’ordre social. Si les Néerlandais tolèrent un comportement, cela ne veut pas dire qu’il l’accepte. Là est toute la différence. Une phrase résume finalement bien cette vision des choses : "La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres”. C’est avant tout très pragmatique comme façon de penser et pour moi, cette apparente ouverture d'esprit cache en réalité une certaine forme d'indifférence.
Bien-sûre, cette attitude pragmatique a permis l’avancée des problématiques sociétales citées plus haut. Les Néerlandais, et je le vis chaque dans mon travail, sont très forts pour résoudre des problèmes en trouvant des moyens directs et actionnables. Mais, je trouve parfois frustrante cette recherche constante du consensus ou de la solution la plus immédiate pour avancer.
Enfin, cette indifférence peut être perçue comme de la froideur par certains, surtout dans les relations et encore plus, je pense, dans une relation amoureuse.
Le mélange des cultures...
Les Pays-Bas sont une véritable terre d’accueil. Historiquement, d'abord, mais aujourd’hui encore, ce petit pays européen accueille de nombreux étrangers, la plupart du temps dans un cadre professionnel. Aujourd’hui, on ne compte pas moins de 17 millions de Néerlandais dont environ 3.5 millions d’immigrés.
En résulte, et particulièrement à Amsterdam, un véritable melting-pot. Je crois n’avoir jamais connu autant de personnes de nationalités différentes depuis que vis ici. Et j’adore ça ! Découvrir des cultures, des histoires, des visions et opinions différentes, je trouve cela tellement incroyable et riche d’enseignements. D’ailleurs, c’est souvent la première question que l’on te pose lorsque tu rencontres quelqu’un pour la première fois “Et toi, tu viens d’où ?”. Amsterdam n’est pas néerlandaise. Non, Amsterdam est Européenne, que dis-je Amsterdam est Internationale !
...Mais la barrière de la langue, paradoxalement.
Néanmoins, on aura beau dire tout ce que l’on veut dire, Amsterdam reste malgré tout néerlandaise. Et quand bien même l’anglais est monnaie courante, la langue de Shakespeare ne détrônera jamais le néerlandais. Il ne faut donc pas oublier que tout, absolument tout, est d’abord en néerlandais : la communication, les médias, l’administration et j’en passe.
En résulte une espèce de dichotomie dans la ville. Car, si parler anglais peut paraître suffisant pour vivre, travailler et visiter, le néerlandais s'avère être un vrai manque à gagner au quotidien. Dans notre quartier, par exemple, la majorité des résidents sont néerlandais. Aussi, discuter de simple banalité ou de la météo avec ses voisins est presque chose impossible, puisque le réflexe naturel sera pour ces personnes de parler en néerlandais. Je ne compte plus le nombre de situations où l’on répond bêtement d’un sourire après qu’un voisin nous ait adressé la parole, simplement parce que l'on n'a pas compris et que l’on est trop gêné pour demander de répéter en anglais (penser cela est, en réalité, la chose la plus insensée au monde !).
Après 3 années à Amsterdam, ne pas parler néerlandais s’avère être une barrière sociale, culturelle et parfois même relationnelle, malheureusement. Je me rend compte que les expat on tendance à rester entre expat, bizarrement. Ce qui n'aide pas à l'intégration finalement.
Bien sûre, et à la différence d'autres points, il serait très facile de remédier à cela. Une langue, cela s’apprend ! Simplement, avant de partir s’installer dans un pays étranger, il est important de prendre en compte la culture. L’apprentissage d’une langue demande un certain effort et de l’engagement dans la durée. À Amsterdam, ne pas parler néerlandais est selon moins plus du fait de la fainéantise que du reste. C’est d’ailleurs une chose à laquelle Alexis a mis un point d’honneur cette année de remédier. Et c'est tout à son honneur les nombreuses fois où il se force à parler non pas anglais mais néerlandais, malgré toutes ses peurs de ne pas se faire comprendre correctement ou pire, de passer pour idiot ! (Alors que c’est complètement faux)
Un pays européen, proche de la France, géographiquement...
Le choix des Pays-Bas ne s’est pas non plus fait par hasard. À l’inverse du Canada ou de l’Australie, Amsterdam est très proche de la France : seulement deux heures en avion ou bien trois heures en voiture. Cela n’est vraiment pas grand-chose en comparaison avec les 12 heures de vol pour rejoindre Sydney ! Rentrer sur un week-end seulement, bien que fatiguant, est une chose tout à fait faisable.
Enfin, l’avantage des Pays-Bas, c’est aussi de ne pas avoir de décalage horaire. C’est tout de même bien plus pratique pour nos proches.
Des critères qui étaient assez important pour nous.
...Mais pourtant si lointain culturellement.
Ce que je ne pensais pas, en revanche, c’est de ne pas m’y retrouver, culturellement parlant. Mine de rien, on grandit dans une société particulière, on va à l’école et on nous apprend un certain “mode de vie”.
Quand bien même le choc culturel fut bien moindre comparé à d’autre pays (comme l’Inde ou les États-Unis par exemple), je me rends compte, après 3 ans, que les Néerlandais sont bien différents des Français.
Les habitudes alimentaires, tout d’abord. Pas seulement le type de cuisine, mais aussi le rapport à la nourriture. En France, on aime et on apprécie prendre le temps de manger, de “reste à table”. J’exagère à peine en disant que manger, pour un néerlandais, est plus une nécessitée biologique plus qu’un plaisir (en même temps, pour manger un sandwich au beurre de cacahuète et boire un verre de lait à midi, j’ai du mal à imaginer le plaisir 😉 ).
Cela se remarque aussi beaucoup au travail. C’est le côté pragmatique qui doit ressortir. D'ailleurs, j’écoutais un podcast la dernière fois qui comparait la mentalité française et néerlandaise en disant : “En France le travail est un droit, aux Pays-Bas c’est un devoir”. Je trouve cela très juste et assez humble finalement. Le management est différent. La vision du travail aussi. Et il faut se ré-adapter, réapprendre les codes “invisibles”.
Quitter un pays, une culture que l’on nous a appris. Quitter une zone de confort pour finalement tout (presque tout) ré-apprendre, cela demande une certaine forme de courage. Et finalement, je ne me savais pas capable d’autant de courage. Commencer mon premier “vrai" travail, dans un environnement totalement inconnu et surtout 100% anglophone, encore aujourd’hui je me dis que ce n’était pas qu’une simple volonté de vivre à l’étranger, mais bien un véritable audace de se dire “aller, on part !”.
Cela fait trois ans que nous sommes partis, et je pense que nous ne regrettons rien.
End of Story